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Le Panda Roux

Le panda roux, ce faux panda qui donne des cheveux blancs aux généticiens …..

Le panda roux, un animal qui inspire de beaux sentiments (crédit Jonathan Martinez)

On connait tous ces superbes peluches vivantes que sont les pandas… qu’ils soient géants ou roux… ils sont tous les deux à croquer… Mais, ils n’ont de commun que le nom, leurs « faux pouces » et les bambous. En effet, le panda roux n’est pas du tout de la famille des ursidés, alors que le panda géant est un vrai ours, (ndlr : un garde d’un parc naturel chinois m’a raconté qu’un paysan s’était fait « molester » par un mâle panda comme cela arrive parfois avec les ours noirs ou bruns… et s’en était tiré de peu avec morsures, coupures, et de multiples hématomes…).


Le « petit panda » ou panda roux, lui, est d’une famille unique, la sienne… les Ailuridae.

C’est en tous les cas la dernière hypothèse émise après des études ADN moléculaires.

« Ce n'est ni un ours, ni un proche parent du panda géant, ni un raton laveur, ni une lignée d'affinités incertaines. Il s'agit plutôt d'une lignée basale de mustéloïdes, avec une longue histoire d'indépendance par rapport à ses parents les plus proches (mouffettes, ratons laveurs, loutres, belettes et blaireaux). »

(J. J. Flynn, M. A. Nedbal, J. W. Dragoo et R. L. Honeycutt, « Whence the Red Panda? », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 17, no 2, 2000, p. 190–199)

Le panda roux pourrait donc être considéré comme un fossile vivant… c’est la frime car peu d’animaux peuvent se vanter d’avoir traversés les millénaires sans avoir générés d’autres espèces. Ou plutôt, d’être le seul de sa famille à avoir survécu à tous les challenges…

Attention cependant, il a quand même un ancêtre lointain en commun avec les ours… mais cet ancêtre commun est aussi celui des phoques et des morses, en plus d’être celui des ours (dont le panda géant), …pour tout dire, les scientifiques ont réussi à retracer son arbre généalogique jusqu’au Tertiaire inférieur, avant cela, mystère et boules de gomme. Pour les excités de géologie, vous aurez remarqué que le tertiaire correspond à la période à laquelle l’Inde (alors « île » à la dérive du Gondwana) vient se fracasser contre la plaque eurasienne, formant la chaine de l’Himalaya au passage… intéressant, n’est-ce pas ?).


Mais revenons à nos moutons… pardon, à nos pandas.

Le plus fou dans cela c’est que des traces fossiles de versions éteintes du panda roux (Parailurus anglicus, Pristinailurus bristoli,.. ) ont été retrouvées non seulement en Angleterre, mais aussi en Espagne et ... en Amérique du nord.

La fréquence des traces en Amérique (sites fossiles de Gray) étant élevée, cela montre que cette espèce a joué un beau rôle dans les habitats de l’époque mais… à quand même disparue. Pourquoi ? Un mystère de plus.


Mais alors, malgré toutes ces études, pourquoi tout le monde s’est obstiné à l’appeler PANDA et à le considérer comme étant un frère du panda géant ?

Ok, il a une frimousse à croquer, comme le géant noir et blanc, des oreilles de nounours, ... MAIS, il a aussi un 6ème doigt … pardi… (quoi ? tu ne savais pas que les pandas avaient 6 doigts ??? … et bien maintenant, tu pourras frimer lors des soupers de famille…).

Ce doigt, auquel on ajoutera le fait de manger des bambous à s’éclater la panse, a poussé les humains à les considérer comme « frères ».


ET c’est là que les zoologues deviennent complètement fadas… Ce 6ème doigt chez ces deux espèces de familles différentes est, ce que l’on appelle, une CONVERGENCE EVOLUTIVE… l’une des plus remarquables qui existe dans le règne animal…

Bon, je vous ai perdu ? … Qu’est-ce que la convergence évolutive ? … c’est justement, quand un même trait, une même caractéristique physique (ici, un 6ème doigts - un « faux pouce » en plus) se retrouve chez deux espèces totalement éloignées génétiquement MAIS avec une fonction assez proche. On a tous plus ou moins en tête, la patte d’un ours. Tous les doigts sont à l’avant, avec des griffes…

... mais les pandas ont développé un pouce sur le côté intérieur de leurs « mains », presque comme chez les humains.

Chez le grand panda, ce faux pouce sert à saisir le bambou à la base et d’un coup de patte rotatif, il coupe la base. (NDLR : Cela fait un « tchac » assez caractéristique même pour l’avoir entendu, et vous pouvez essayer si vous avez des bambous, il faut une force d’ours pour y arriver).

Chez le panda roux, son 6ème doigt lui sert à grimper… et même à descendre la tête première des arbres… son ballot de faux frère lui, descend le postérieur en premier.

Deux fonctions différentes (bambou et grimper) avec un but de préhension commun pour une même exception morphologique = convergence évolutive. La touche finale est qu’il existerait 2 sous espèces : le panda roux d’Himalaya (Ailurus fulgens fulgens) et le panda roux de Styan (Ailurus fulgens styani). Mais comme les scientifiques se chiffonnent encore pour savoir qui a raison, nous n’entrerons pas en détails sur ce point. Nous sommes pour la paix dans les (sous) familles. N’est-ce pas ?


Alors donc, le panda roux grimpe aux arbres, est solitaire sauf durant la période de reproduction et se retrouve donc dans les hauteurs des régions dites « contreforts de l’Himalaya ». Son habitat se situe entre 2200 et 4800m d’altitude, il recherche des climats stables dont les températures n’excèdent pas les 25°c.

Contrairement au grand panda, il ne mange pas QUE des bambous. Il ingère quand même des bambous (feuilles et jeunes pousses) a raison de deux tiers de son régime mais il ne rechigne pas sur des champignons, des œufs, des insectes, même des petits mammifères pour compléter le tiers du régime. Le grand panda, lui, cette partie représente seulement 1% de son régime contre 99% de bambous.


Comme pour beaucoup de Carnivores, trouver un animal c’est déjà reconnaitre ses crottes.

Ses empreintes sont caractéristiques également.

Les risques auxquels il doit faire face sont les mêmes que pour beaucoup d’espèces : la disparition de son habitat et le braconnage.


Son habitat (forêts avec strate de bambous en sous-bois) est coupé ou utilisé pour le bétail qui mange et piétine les zones à bambous. Le braconnage, vu leur fourrure et notamment cette queue touffue ont eu pour malheur de le transformer en chapeau traditionnel en chine….

Classé à l’annexe 1 de la convention sur le commerce international d’espèces de faune et flore sauvage menacée d’extinction et la liste rouge de UICN, il est totalement interdit de le détenir et encore moins de le détruire mais son habitat lui…


Nocturne, sauf à la période de fructification du Sorbus wardii dont il raffole des baies, il est délicat à observer mais je ne peux que vous conseiller d’aller l’observer car sa défense passe aussi par un tourisme durable et non pas par une visite au zoo.

Alors double pouce aux pandas pour nous offrir de telles merveilles naturelles et longue vie à eux !


Habitat typique du panda roux

 

Le mot de l'auteur (textes et photos), membre du collectif Troisième Planète :

"Guide naturaliste, je m'appelle Baptiste Bataille (ma page

Baptiste Bataille Experience ), je suis belge (une fois), j'ai la fâcheuse manie d'essayer d'observer des animaux rares et/ou menacés et d'emmener des motivés avec moi pour partager ces quêtes et les émotions qu'elles génèrent.

Ces photos ont été réalisées lors d'un voyage de prospection en Chine en janvier 2020 (oui, oui...). Dans une zone du Sichuan qui ne peut pas être dévoilée. Nous étions trois (un ami français, un ami chinois et moi, le belge) partis à la recherche du panda géant. La zone est propice à plusieurs espèces emblématiques de Chine : le panda géant (véritable fantôme), le panda roux, le Takin doré, le Rhinopithèque de Roxellane, le Porte-musc noir.

Par une grâce que seule dame nature offre parfois aux obstinés endurants, j'ai eu l'occasion, en 6 jours de terrain, d'observer un panda géant (à 10 m de moi alors que j'étais seul à l'endroit de la photo panorama jointe), plusieurs pandas roux, un groupe d'une dizaine de Rhinopithèques, un couple de martres à gorge jaune. L'ami chinois qui exerce le même métier que moi n'a observé le panda géant qu'à deux reprises... et fait ce métier depuis plus de 20 ans... pas de photos