Le Maki de Mayotte
Dernière mise à jour : 18 mars 2021
Aimé ou mal-aimé ?

Le saviez-vous ?
Nous avons tous déjà vu des photographies ou des documentaires sur les célèbres lémuriens de Madagascar. On le sait un peu moins mais en France aussi, une espèce endémique de lémurien vit à l'état sauvage...
Sur l'île de Mayotte, département français d'Outremer, on estime aujourd'hui la population du Maki (Lémur brun) à environ 20 000 individus.
Où se situe le département de Mayotte ?
L'archipel de Mayotte est situé dans l'Océan Indien à l'entrée du Canal du Mozambique entre Madagascar et le continent africain. Ce petit archipel volcanique français fait lui-même partie de l'archipel africain des Comores.

En savoir plus sur le Maki de Mayotte
Le Maki de Mayotte (Eulemur fulvus mayottensis), appelé aussi lémur brun, Comba ou encore Akomba est le petit primate emblématique de l'île.
Il mesure jusqu'à 50cm et possède une queue touffue de plus de 50cm. Il peut vivre jusqu'à l'âge de 30 ans. Ce petit lémurien au regard perçant évolue et dort principalement dans les arbres en petites colonies paisibles d'une dizaine d'individus maximum.

Même si les makis semblent plutôt « égaux » au sein de leur groupe, un mâle reproducteur dominant s'impose parfois pour ramener de l'ordre dans la colonie !
Joueurs, ils sont vraiment agréables à observer car ce sont des acrobates très habiles, curieux et pas très craintifs. (S'ils passent dans une zone de pique-nique, attention à votre déjeuner !).

Leurs petits grognements qui rappellent un peu les ronflements des cochonnets ajoutent un plus à leur image sympathique. Et c'est lorsqu'il a besoin de boire ou ramasser de la nourriture tombée au sol que le maki descend le plus souvent à terre.
Il est principalement végétarien (fruits, feuilles...) mais il lui arrive quelques fois de manger des œufs, oisillons ou des insectes.
On ne sait pas vraiment depuis quand les Makis sont installés à Mayotte. Peut-être depuis toujours ?
Mais il est plus probable qu'ils aient été introduits par l'homme à partir de Madagascar (les premiers témoignages écrits de sa présence datent des années 1860).
L'idée aurait été d'apporter du gibier pour une source supplémentaire de viande sur l'archipel.
Certains pensent également que des Makis auraient pu dériver sur une branche en provenance de Madagascar et s'échouer aux Comores.
Ils seraient une variété du Lémur fauve de Madagascar.

Bien qu'officiellement protégée cette espèce est en danger à Mayotte...
En 1975 on estimait le nombre de makis à environ 50 000 individus contre 15 000 à 20 000 aujourd'hui.
Aimé et respecté il n'y a pas si longtemps, le Maki est désormais « mal-aimé » par certains...
Des légendes et contes mahorais (habitants de Mayotte) parlent d'un dieu qui aurait transformé un humain en Maki pour le punir d'avoir enfreint une tradition ou un interdit. Des variants de ce conte évoquent aussi un enfant qui se serait transformé en Maki pour pouvoir fuir le monde des hommes et trouver refuge en forêt...
C'est surtout cette image mythique d'un humain changé en animal et son caractère sociable qui en ont fait un être respecté et aimé aux Comores et à Mayotte.

Seulement voilà... - Mayotte est un « petit » archipel de 375 km2 avec une population humaine croissante de 288926 habitants en 2021 et une densité de 770,47 habitants/km2. En 2017, le taux de natalité était de 38% pour un taux de mortalité de 2,90%.
- Même si le PIB augmente, Mayotte reste encore la région française la « plus pauvre » avec le taux de chômage le plus fort et la population la plus jeune (plus de la moitié de la population a moins de 20ans !).
(Source : Populationdata.net)
Cette forte démographie, cette précarité, ce manque de travail et le besoin vital de se nourrir a forcé l'homme à déforester progressivement pour cultiver et se loger. On sait aujourd'hui que la surface forestière a diminué de plus de 45% en 30 ans.
Le Maki, animal des forêts, a vu son biotope bouleversé et sa zone de vie diminuer progressivement. Pour survivre il a dû s'adapter, diminuer le nombre de naissances et se rapprocher des zones de population humaine.
Peu craintif et habitué à l'homme il s'installe parfois en ville.
Et comme ce sont désormais les plantations qui viennent à lui, les manguiers et bananiers sont devenus une véritable aubaine pour ce lémurien en quête de nourriture.
Quand les makis « débarquent », ils goutent rapidement le plus de fruits possibles sans chaque fois les manger en entier.
Evidemment, les agriculteurs n'acceptent pas tous que les makis viennent se servir dans leurs plantations et considèrent alors le maki, animal protégé, comme un être nuisible...
La tension est palpable quand on évoque avec eux la visite des makis dans leurs exploitations. Quelques-uns n'hésitent pas à utiliser des méthodes radicales (comme le poison) ou à les abattre pour leur viande tout en préservant leurs propres cultures qui sont source de nourriture et de revenus sur cette terre mahoraise au fort taux de précarité.
A l'inverse, d'autres agriculteurs tentent de cohabiter avec ce petit chapardeur et cherchent des solutions pour les éloigner sans les tuer.
Des campagnes de recensement permettent d'en savoir un peu plus sur cette population de lémurien.
Et même si elles peinent à être officiellement adoptées, des mesures de sauvegarde pour protéger la forêt et le maki sont envisagées.
Mais pour beaucoup l'urgence vitale est loin d'être la préservation du maki ou des tortues...
Pourtant, le département souhaite mettre en place un plan de préservation à long terme des espèces endémiques pour les sauver sans qu'ils ne causent trop de dégâts aux productions agricoles.
Que serait Mayotte sans son emblématique maki ?

Remerciements :
Je remercie M. Thani Mohamed Soilihi -Sénateur de Mayotte- pour m'avoir orienté dans mes observations.
Je remercie M. Michel Charpentier -Président des Naturalistes de Mayotte- pour son accueil et pour m'avoir guidé sur le territoire des makis et renseigné sur leur démographie. Je remercie mon ami Denis Fabre -Lagon Aventure- qui m'a accueilli et guidé à
Mayotte lors de mes deux séjours sur l'archipel.
Sources supplémentaires :
- Les anciennes observations de l’herpétologiste Hermann Schlege
- Les récentes observations de la chercheuse Claire Harpet
- Populationdata.net
- Mes propres observations et renseignements recueillis auprès des agriculteurs et des naturalistes
L'auteur-contributeur Troisième Planète :
Grégory POL Photographie
Chevalier du Mérite Maritime - Médaille d'or Société Nationale des Beaux-Arts
Photographe Expert Planète chez FUTURA Science-explorer le monde
Ambassadeur de la Mer - Ambassadeur Jama Photo Nature - Ambassadeur Fier SPM - Ambassadeur Akammak
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