“L’Inde et sa relation avec le Tigre”
Dernière mise à jour : 9 févr. 2021
Julien BOULE est photographe nature, membre de Troisième Planète
CHAPITRE I
Je vous invite à découvrir ma passion pour le Tigre et pour l’Inde, à travers ce témoignage en 3 volets, que je vous proposerai sur le Blog Troisième Planète.
Passionné par les grands Carnivores qui peuplent notre planète, je me suis mis en tête, il y a déjà plus de huit ans, de partir rencontrer la faune indienne. Le choc initial fut rude tant l'expérience nature y est différente de celle du continent africain qui avait, jusque là, ma préférence : petits parcs (Kanha, l'un des plus grands, couvre seulement 2000km², alors qu’un « mastodonte » comme le Sérengeti en Tanzanie en couvre quelques 15000), grande concentration de véhicules, autorisation d'entrée plus ou moins folkloriques et enfin variations saisonnières importantes de la physionomie des parcs, de la fin de la mousson jusqu'à l'été.
Un pays tout en contrastes

Avec 1,2 milliard d'habitants pour 3 millions de km², la densité de population moyenne de l’Inde n'est que de 3 fois celle de la France. Pourtant, ce qui frappe avant tout la première fois qu’on s’y rend, c’est une surpopulation urbaine flagrante parfois couplée à une extrême pauvreté.
On l’aime ou on la déteste, une chose est sûre : l’Inde fascine par l’énergie vitale qui s’en dégage. Pays dont la culture vibrante et millénaire attire les touristes du monde entier, l’Inde captive aussi les amoureux de la Nature de par sa surprenante biodiversité. Tant dans les villes que dans les campagnes, les habitants manifestent souvent une tolérance extrême envers les animaux, une valeur essentielle inculquée par l’Hindouisme, la principale religion du pays. En témoigne son panthéon animalier.
L‘Inde me faisait rêver. J'avais le tigre en songe après avoir vu les trois autres “grands” (lion, léopard et jaguar). Depuis mars 2010, je me suis donc rendu 5 fois dans des parcs magnifiques comme Corbett, Kanha, Ranthambore, Tadoba, Kabini.
Loin de moi l'idée de brosser une image idyllique du pays car il n'est guère contestable que comme partout ailleurs, l'explosion démographique humaine a conduit à la diminution nette de ses populations de Carnivores (le tigre étant le malheureux porte-drapeau de cet état de fait).
Malgré des environnements dégradés, l'Inde compte encore une belle diversité d'espèces de Carnivores et est le seul pays au monde à héberger 4 des 5 membres du Genus Panthera* (tigre, lion, léopard et léopard des neiges).
*tigre, lion, jaguar, léopard et léopard des neiges
Tant dans les villes que dans les campagnes, certains habitants manifestent souvent une tolérance extrême envers les animaux !
L'obsession du tigre
Quand on arrive en Inde, il serait malhonnête de dire qu'on a autre chose en tête que le mot “tigre”. C'est l'obsession initiale : “voir et photographier un tigre”. Le recensement de 2015 n'a beau faire état que d'une population (en légère hausse) de 2200 tigres (probablement 3000 fin 2018), beaucoup ne vont en Inde que dans l'espoir de l'apercevoir. Il y a peu d'animaux qui fascinent autant, j'imagine. Mais il faut le dire : quel animal, quelle beauté, quelle puissance, quelle classe ! Il fait également peur car il est parfois mangeur d'hommes notamment dans la région des Sunderbans (est du pays). En Inde, on trouve le tigre du Bengale (panthera tigris tigris), une des 6 sous-espèces encore existantes (3 sont déjà éteintes). J'ai eu plusieurs rencontres mémorables avec le tigre du Bengale. La toute première fut à Kanha : une jeune tigresse était venue boire à un point d'eau. J'ai encore ce souvenir mémorable d'un instant pendant lequel la jungle retint sa respiration, et nous avec elle, en l'observant se désaltérer (j'étais debout sur le siège de la jeep pour l'apercevoir).
J’eus aussi une belle rencontre avec le “star male” de Ranthambore en novembre 2011, qui nous offrit le spectacle d’un bain et de la sortie royale qui va avec. Il eut même l’élégance de nous conduire lentement vers la sortie du parc. Une autre fois, toujours à Ranthambore, j'ai pu assister à un instant de grande tension, juste avant l'accouplement de deux tigres. Je tremble encore en me remémorant les rugissements post-coïtaux de la femelle.
Mais incontestablement, les deux plus incroyables moments furent en 2013 à Tadoba (Maharashtra, centre du pays), où j’ai eu la chance d’assister à une formidable interaction entre un ours lippu (ursus melursus) et une jeune tigresse (après une longue poursuite à distance de l'ours par la tigresse)...

… Et aussi de faire une rencontre magique en face à face avec un mâle dans la “zone tampon” du parc.

Lire le 2e volet de “L’inde et sa relation avec le Tigre” par Julien BOULE