Emissions de C02 et gaz à effet de serre
Dernière mise à jour : 18 janv. 2021
Même si la crise sanitaire et l'arrêt net d'une partie des activités humaines polluantes a profité à l'environnement, n’oublions pas que le changement climatique et destruction de la Nature sont des enjeux qui se rappelleront bien vite à notre bon souvenir. Le paradoxe de la situation est que sans doute le Monde verra en même temps qu’une crise économique une probable large diminution de la production de CO2 en 2020.

Où en est la France dans ces batailles et aussi dans la protection de son environnement ?
Troisième Planète se propose, dans une série d’articles, de faire une revue argumentée (sur des bases scientifiques) d’un ensemble de données environnementales pour évaluer les résultats de notre pays en matière d’écologie en général. Bien sûr, les problèmes ne se règleront pas au niveau local ou national mais il est intéressant de comprendre nos enjeux. Les sujets abordés seront liés au réchauffement climatique (production de gaz à effet de serre, recours aux énergies renouvelables.), protection de la faune et de la flore, de l’environnement en général (agrochimie, industries...). Ces articles restent des articles de vulgarisation, les données ne sont pas toujours à l’année près mais nous commentons des tendances principalement.
Dans ce premiers volet, nous commencerons par la production de gaz à effet de serre (G.E.S). Outre la chute massive de la biodiversité, on vous le répète pas mal ici, diminuer les émissions de le CO2 et autres G.E.S devrait être la plus grande préoccupation de l’humanité. Pourquoi cela ? Car il s’agit de gaz à “effet de serre” et que leur présence croissante dans l’atmosphère induit un réchauffement global (mais pas uniforme localement) conduisant à de sérieuses anomalies climatiques. Un bouleversement du climat poussé à un certain extrême pourrait avoir des conséquences très graves sur notre planète et pour la vie en général (on parle d’une augmentation potentielle de 4 à 7°C pour 2100). Ce n’est pas nous qui le disons, ce n’est pas Greta Thunberg (elle ne fait que répéter la parole scientifique pour les plus récalcitrants), c’est le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ! Le GIEC ne vous convainc pas, alors allez regarder le site de la NASA, vous y trouverez le consensus scientifique actuel. Bref, l’idée ici n’est pas d’ouvrir à nouveau ce débat, nous assumons donc de penser que c’est la production de CO2 et des GES liée aux activités humaines qui est responsable de cet état de fait. Nous ferons un focus sur le CO2 car c’est le gaz émis en très grande quantité et qui menace le plus. Heureusement pour nous, son pouvoir de réchauffement est bien inférieur à celui d’autres gaz mais ceux-ci sont émis en moins grande quantité (le méthane est toutefois à prendre très au sérieux car son pouvoir de réchauffement est 28 fois plus important que le CO2 sur 100 ans et en quantité déjà importante).
Qu’en est-il de notre production de CO2 au niveau national ?
Globalement, le Monde émet 36 milliards de tonnes de CO2 annuellement (2019). Il faut voir qu’il y a un rapport allant de 1 à 100 dans l’émission par habitant entre les différents pays. La Chine est le plus gros émetteur global (25%) devant les USA (15%), EU-28 (10%).
Voici ci-dessous l’évolution des émissions par tête jusqu’en 2017 :

Nous voyons donc que la France est un des pays développés qui produit le moins de CO2 par habitant. USA et Allemagne produisent à l’inverse beaucoup de CO2 par habitants. On voit aussi que les pays occidentaux sont dans une décroissance de production de G.E.S (contrariée par une remontée en 2018 et 2019) alors que les pays en voie de développement voient leur production par habitant exploser avec leur croissance économique. La croissance est donc bien corrélée à la production de G.E.S. A mesure que les industries occidentales se délocalisaient en Asie et principalement en Chine, en Occident le moindre recours en énergie nécessaire à l'alimentation des usines allait de pair avec une moindre production de G.E.S. Il faut donc se garder de simplement dire que nous sommes en gros progrès, nous avons simplement délocalisé une bonne partie de la production de G.E.S au niveau mondial.
Au niveau Européen, la France est dans les bons élèves, en dessous de la moyenne de EU-28 :

Plus précisément au niveau mondial, la tendance est à une nette augmentation en termes d’émissions de CO2 :

Comment expliquer cette situation pour la France ?
Globalement, la France est un des pays développés qui produit le moins de G.E.S, elle se situe au niveau de la moyenne mondiale ce qui est une bonne performance.
Voici sa consommation d’énergie en préambule :

Ce diagramme révèle plusieurs choses :
La France utilise énormément d’énergie nucléaire, beaucoup plus que la plupart des autres pays développés. Cette énergie décarbonée (certes pas sans certains désavantage) explique la moindre production de CO2.
Elle a peu recours au charbon mais comme tous les autres beaucoup au pétrole.
La part des énergies renouvelables est, bien qu’en progression, assez faible.
Quels sont les postes de production en France ? Principalement le transport, l’industrie et le résidentiel comme le montre le diagramme ci-dessous :

Bilan : 12/20
Les plus :
La France pourrait faire figure d’assez bon élève dans le concert des nations concernant la production de G.E.S. Mais c’est un relatif trompe-l’œil principalement dû au recours à l’énergie nucléaire. Nous ne jugeons pas cela nécessairement négativement (en considérant le ratio risque/bénéfice sur la base du nombre d’événements historiques) mais le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable et pose des problèmes clairs de sécurité en général.
Des gains pourraient apparaître sur le résidentiel et l’optimisation claire des transports par de nouvelles politiques. L’industrie aussi doit progresser mais elle semble trainer la patte concrètement (se retranchant souvent derrière la façade, le “green washing”).
Les moins :
De fait, nous avons peu (encore moins que d’autres) de marge de manœuvres pour réduire notre production de CO2 si ce n’est encourager le renouvelable qui reste encore trop faible chez nous. Un débat est de savoir si le renouvelable pourrait fournir tous nos besoins énergétiques, le consensus est plutôt non sans rupture technologique nouvelle.
La baisse de la production de CO2 en France ne prend pas en compte l’augmentation réciproque liée à nos délocalisation (en gros la Chine fabrique pour nous et produit du CO2 localement qui ne nous est pas imputée). Notre modèle de (sur)consommation est encore sur la table sur ce point.
Nous ne sommes pas assez strictes sur certaines positions qui permettraient de lutter contre ces émissions par la captation, on y reviendra dans un autre article (la forêt).
Données issues parfois traduites ou transcrites de :
https://ourworldindata.org/co2-and-other-greenhouse-gas-emissions, révisées en décembre 2019.
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr et plus précisément :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2015759
Article écrit et documenté par Julien Boulé, photographe Troisième Planète